Vous êtes inquiet de la situation politique ici en Jordanie ? C’est légitime.
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Venons-en à la situation politique du moment, et à la manifestation unitaire du vendredi 5 octobre, dénommée “Sauvons la Patrie”.
Elle était annoncée par tous comme la plus grande démonstration de force – pacifique bien sûr – depuis le début du printemps Arabe en 2011.
Malgré la dissolution préalable du parlement, elle a regroupé pratiquement toutes les tendances de l’opposition, unies sous l’appellation de ”Front pour les réformes”, à l’appel du mouvement des Frères Musulmans.

Menée sans aucun débordement, elle a prouvé en définitif que les Jordaniens, encore une fois, sont capables de se mobiliser dans l’unité, en laissant à tous les courants leur libre parole, et dans le calme le plus maitrisé.
Leur patience est très grande. Beaucoup ont envie de dire au roi :
« Abdallah, le peuple te veut à son écoute. Respecte sa patience. Abdallah, honore le peuple Jordanien – il le mérite ! ». En savoir plus avec France24.
Bref, les appels aux réformes se font de plus en plus pressants, avec bien moins de retenue verbale qu’avant…
Beaucoup de Jordaniens, conscients que des changements profonds doivent avoir lieu, sont effrayés à la perspective de troubles politiques auxquels ils ont réussi à échapper toutes ces dernières années.
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En Jordanie pas de gros mouvements de foules en réaction au fameux film incriminé par la communauté des musulmans – en savoir plus.
En tous cas aucune violence de masse qui pourrait effrayer le visiteur.
La population est plus préoccupée par les problèmes intérieurs. La situation sociale n’est pas rose pour la grande majorité des Jordaniens.

A noter que les médias, ne se privent plus d’appeler un chat un chat. Les changements de gouvernement se suivent, mais les problèmes de fond ne sont qu’effleurés. Les manifestants d’un certain vendredi du mois de mai dernier ont parfaitement résumé le point de vue de la majorité.

«Le peuple veut des changements politiques, pas seulement des changements de gouvernements !», pouvait-on lire sur une banderole déployée au milieu de plus d’un millier de participants de tous bords. Le slogan le plus significatif, repris en cœur, fut : «Tarawneh (alors le Premier ministre, et déjà anciennement Premier ministre), le peuple ne t’as pas élu, les décisions ne t’appartiennent pas !» L’essence même de tout le problème est ainsi résumée.
Ou encore sur un ton plus léger d’humour : « en Jordanie, la livraison d’un plat de fast food prend 45 minutes, mais un changement de Premier Ministre n’en prend que 30 ! ».

Un leader charismatique des Frères Musulmans du IAF eu ces mots durs :
« Les corrompus sont puissants et protégés, cherchant à maintenir la Jordanie dans un état de gâchis déplorable. Nous avons besoin de quelqu’un qui comprenne le message du peuple et qui ne mente jamais aux jordaniens ».

Le Printemps Arabe n’en finit donc pas.
La persistance des manifestations du vendredi révèle à quel point la population attend des réformes radicales et une lutte sincère contre la corruption à tous les étages !

De l’avis de beaucoup, le roi Abdallah traînerait des pieds pour engager des réformes structurelles en profondeurs.

Le voeux des opposants ? Un parlement indépendant, émanant d’élections libre, issues d’un découpage électoral réaliste, avec à la clé la nomination du Premier ministre entre leurs mains. Bref, un minimum nécessaire à toute évolution démocratique future, selon leur point de vue.

Les groupes d’opposition qui s’organisent dans ce sens rencontrent les plus grandes difficultés à exercer leurs droits fondamentaux. Selon Ann Harrison, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’ Amnesty International :
« La Jordanie continue d’appliquer une loi draconienne qui, de fait, érige la dissidence politique en infraction criminelle pour réduire au silence l’opposition politique et les détracteurs du gouvernement ».

Alors que se passe-t-il dans le Sud, là où se déroulent la majorité de nos programmes ? Quelle est la situation à Petra et à Wadi Rum, par exemple ?
Autrefois irréductibles contestataires, les anciens agriculteurs de Wadi Mousa, et les bédouins B’doul déplacés de Petra, défendent aujourd’hui jalousement la manne du tourisme, sans laquelle un dur retour à la survie d’antan serait inéluctableIdem à Wadi Rum, où les modalités de la vie tribale ont été radicalement transformées par l’avènement du tourisme. Un niveau de vie a été atteint, exactement aussi consumériste qu’en occident. Se priver de tout ça ? Pas question. Même si les bédouins ont encore de très grosses capacités d’adaptation à une vie des plus spartiates…!

De toute façon, le problème se pose tout autrement.
Réformer le pays ? Oui, c’est une nécessité urgente. Le faire dans la paix ? Oui, c’est le souhait le plus fort de tous. Le risque de dérapage vers un régime religieux radical, faisant fi des acquis de la modernité ? Jamais !
« Et s’il le faut, les jordaniens sauront mettre à nouveau la pression pour que ça change » affirment la plupart. Une réponse en quelque sorte aux fallacieux arguments susurrés par les élites au pouvoir qui agitent le danger islamiste, à l’image des occidentaux.
Voeux pieux du peuple, ou total irréalisme sur ses réelles capacités de mobilisation en cas de danger ?

Pour autant, rien ne saurait altérer la bonne humeur générale, du Nord au Sud. S’il y a une chose sur laquelle les Jordaniens s’accordent, c’est bien sur le sens de l’hospitalité et le bien-être de ses visiteurs. Vous le vérifierez sur place.
Alors pour l’instant pas de souci. Et surtout, restez en contact avec nous !

PS: à ce jour, le meilleur article – francophone – sur la situation politique en Jordanie, se lit dans LE MONDE DIPLOMATIQUE  du mois d’août 2012, dans un billet de Hana Jaber. Cliquez ici.

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